Peut-être l’avez-vous noté au fil des dépêches : le 22 avril – comme chaque année – consacrait la Journée de la Terre... Ce rendez-vous doit son existence aux États-Unis puisqu’il vit le jour le 22 avril 1970 grâce au sénateur Gaylord Nelson lequel encouragea les étudiants à mettre sur pied des projets de sensibilisation à l'environnement. Un demi-siècle a passé et nous voici devant ce même rendez-vous en 2020. Que nous inspire-t-il sur nous-mêmes, sur notre relation aux autres et au monde ? À l’instar de la Pachamama andine, et de quelques invitations aperçues dans le flot des actualités, combien nous aurions été avisé.es de prêter écoute à ce que la Terre avait certainement à nous dire ce jour-là (comme tous les autres, du reste...). Combien nous le serions davantage encore à mieux assumer durant le prochain demi-siècle nos pleines responsabilités face à nos présents et futurs équilibres…
Mais poursuivons ici sur ces chemins calendaires. Un mois plus tôt, le 21 mars*, avait lieu Nowrouz, le Nouvel An iranien (en persan نوروز )... Son nom vient de la langue avestique, parente du vieux perse, et renvoie au « nouveau jour » ou à la « nouvelle lumière ». Puisant ses racines dans les traditions zoroastriennes, Nowrouz est l’occasion de bien des rites. Citerons-nous Tchaharchanbé-Souri (چهارشنبهسوری), la Fête du feu, célébrée le mardi soir à la veille du dernier mercredi de l'année ? Citerons-nous les Haft Sîn (هفت سین), sept objets dont le nom commence par la lettre ‘S’ (de l’alphabet persan) garnissant harmonieusement la table de fête ? etc. Cette année, le virus aura eu raison de son faste traditionnel...
[*Signalons au passage que le 21 mars célèbre en outre les journées – internationales ou mondiales – des forêts, de la poésie, de la Trisomie 21, de l'élimination de la discrimination raciale, ou encore de la marionnette !]
En termes de calendrier, le monde musulman est également entré dernièrement dans le mois de Ramadan, quelque peu particulier cette année en raison des distanciations recommandées... De même dans cet espace-temps d’un monde confiné, nous pourrions associer, sans recherche d’exhaustivité, la journée mondiale de la femme du 8 mars, de l’eau le 22 mars, de sensibilisation à l'autisme du 2 avril ou encore de la liberté de la presse le 3 mai... De quoi nous renvoyer in fine à la déferlante des dates qui s’enchaînent, souvent à notre insu...
C’est alors qu’une série de questions me vient : quelle valeur, quelle importance, accorder à cette succession de célébrations, commémorations et rites ? Sommes-nous, à défaut d’être concerné.es par l’une ou l’autre de ces dates, condamné.es à l’ignorer en tout ou partie ? Ou bien y aurait-il au contraire un levier d’humanités à saisir qui profiterait de ces invitations calendaires afin de mieux penser nos communautés d’être, de croire, d’entreprendre, d’espérer, de progresser... ? Comment tout ceci pourrait-il nourrir ce colloque des humanités dont nous évoquions la souhaitable convocation [À se demander (1)] ? Comment y favoriser le dialogue, la connaissance mutuelle, l’enrichissement réciproque... ? Pourrait-on y voir émerger un calendrier universel, un calendrier des calendriers fort de tous nos engagements de conscience ou de cœur... ? Serait-il opportun d’y consacrer une prochaine année calendaire afin de penser ensemble les raisons et les moyens de l’honorer ? De la Journée mondiale du Braille (4 janvier) à la Journée internationale des migrants (18 décembre), du Nouvel an mongol (Tsagaan Sar Цагаан сар) à la Fête des cabanes (Soukkot חַג הַסֻּכּוֹת), serait-il envisageable d'y instaurer ou d'y restaurer une relation plus ouverte à la richesse de notre monde et des invitations qu'il distribue pour nous le rappeler ?...
(Illustration : Hommage UNIDEO au demi-siècle d’ancienneté de la « Journée – de la Terre »)